Les faits se sont déroulés ce matin dans un village à la con proche d'une région dont tout le monde se bat les couilles.
Ghislaine, une connasse pas franchement appréciée des saisis du quartier se baladait tranquillement lorsqu'elle croisa la route de Jean Foutre, un trou du cul populaire pour ses fréquents troubles à l'ordre public.
Pour des raisons que les quelques imbéciles témoins de la scène ne s'expliquent pas vraiment, le thon monte très vite entre les deux protagonistes (c'est à dire, Ghislaine est montée sur une échelle pour crier ses quatre vérités à Jean).
Les noms d'oiseaux se mettent à voler de toutes parts: «Pivert va en enfer», «Pigeon à la tête de fion», «Hibou je vais te briser le cou», «Chouette, mais pas vraiment...»
Les passants passants par là - ce qui est logique sinon on les aurait appelés les absents, et ils n'auraient rien pu raconter - sont médusés par ces cris qui montent haut et qui volent bas.
«J'ai rarement croisé des débiles pareils!» commente Sylvie Vatan, une blondasse siliconée au Q.I. aléatoire dont les absences mentales ne contredisent pas la présence physique.
«Quel beau duo d'enculés!», précise avec délicatesse Alphonse Dé, dont les dires restent troubles pour des raisons qu'on imagine bien.
La confusion règne, et la fusion des cons gouverne.
La police arrive rapidement sur les lieux, et l'inspecteur gras de Jette, Jean Grèce, aussi Hellénique que disproportionné, nous fait le conte-rendu de ces cons pas rendus:
«Je suis outré! Cette raclure de bidet insultant cette pétasse de Ghislaine devant tous les crétins n'en ayant rien à foutre, quel spectacle de merde!»
Si l'inspecteur ne mâche pas ses mots, on ne peut pas en dire autant de son sandwich aux boulettes, perturbant quelque peu la retransmission des événements.
«Quel porc ce type. Et dire qu'il est censé rétablir l'ordre alors qu'il n'est pas foutu de gérer son cholestérol», s'époumone Anatole Froissée, le maçon le plus vieux du village, qui n'est pas à une tuile près.
Tout cela est consternant, et ce n'est pas Jessica Sossala-Mézon, la plus fidèle ambassadrice du C.P.A.S. de cette bourgade pourrie qui dira le contraire, elle-même habituée à gérer les cas difficiles. Cette pouffiasse de bas étages étant bien connue des services de police pour avoir commis des sextuplés aussi nombreux que superflus, maintes fois appréhendés pour des raisons diverses. Mais là n'est pas le sujet.
Et là, alors que je m'apprête à quitter ce village à la con pour rejoindre mon putain d'appartement, je tombe sur Lorie Ginale, la folle du coin, la marginale à la marge de la société - fermez les guillemets - qui ressent le besoin d'exprimer sa vision de la scène:
«Je ne comprends pas, je suis tellement déstabilisée par autant de vulgarité. Pourquoi est-ce si difficile de se comprendre? Pourquoi tant de violence? Il serait pourtant si simple d'aimer son prochain et de le respecter, quelles que soient ses différences. Nous vivons dans une époque difficile, où plus personne ne prend le temps de réfléchir. Nous sommes les héritiers de siècles de philosophie, de réflexions diverses et de pluies d'averses, et il faut encore que le Jean Foutre tombe sur les têtes des innocents, emportant avec lui tous les espoirs des humanistes, motivés jusqu'au bout à faire régner l'amour sur notre belle planète.»
Soudain le temps s'arrête, l'espace d'une envolée lyrique, et d'une boulette ketchup-moutarde heurtant le sol bémol de tout son manque de subtilité culinaire.
«Putain elle me troue le cul la tarée!», conclut d'un rôt de la Grèce en tics l'inspecteur gras de Jette, jetant un froid définitif sur les perspectives philosophiques de ce lieu de merde.
Le calme est maintenant revenu, il est donc plus que temps de me barrer d'ici et de reprendre une vie normale, loin des problèmes de cet arrondissement qui ne tourne décidément pas rond.
Maintenant je vais me faire une putain de tisane, foutez-moi la paix.