L'idée de mettre en boîte les cimetières m'est venue après y avoir déambulé dans le but d'y retrouver un proche éloigné pour d'évidentes raisons mortuaires. À la vue de certaines tombes, un sentiment étrange s'est mis à me parcourir et un constat m'a sauté aux yeux ; même morts, rien ne nous protège du temps qui passe.
Des concessions sans concessions aux pierres tombales tombées de haut, le spectacle de l'éternité à moyen terme m'a fait m'interroger sur le bien-fondé de finir ses nuits dans un lieu où les fleurs en plastique ne sont arrosées que par la pluie.
Aux quatre coins du cimetière, l'oubli n'avait de cesse de rappeler au passant qu'une fois trépassé il n'aurait parfois plus que son épitaphe pour pleurer.
Rien de réjouissant, à première vue.
Pourtant j'y ai également ressenti un bien-être constant empreint d'humilité inspiré par les silences que laissent les derniers souffles.
Dans un monde où la plupart des êtres vivants manquent de recul, être entouré d'âmes enfouies jusqu'à six pieds sous terre, ça vous recentre quelque peu sur votre place dans l'univers.
Il m'a donc parut indispensable de mettre en images mes émotions et de faire réfléchir sur le rôle à jouer de la société quant au futur des lieux de recueillements.
N'est-il pas grand temps à l'heure où l'intelligence artificielle nous bouscule de notre vivant de faire jouer notre intelligence organique afin de mieux respecter les êtres qui nous ont quittés ?
J'insiste sur le fait que ma démarche est totalement respectueuse même si elle n'exclut pas quelques traits d'humour piquants mais suffisamment poétiques que pour ne pas en mourir de rire.
L'humour n'est-il pas la politesse ultime du désespoir ?